Pratiquons et apprenons le message clair à nos enfants !

Récemment, j’ai demandé à Little B de quoi ils discutaient à l’école pendant les moments de rassemblements de fin de journée. Je savais que c’était l’opportunité pour les enfants d’exprimer « leurs kiffs » de la journée et l’opportunité pour les éducatrices de revenir sur des tensions ou dysfonctionnements. C’est à ce moment là qu’elle m’a expliqué qu’ils apprenaient le message clair.

Ah oui ? Dis m’en davantage … Qu’est ce que le message clair ? Dans quelles circonstances est-il utile de le mettre en pratique ? Et toi, qu’en penses-tu ? Arrives-tu à l’utiliser ?

J’adore ce genre de discussion avec Little B, l’écouter attentivement s’exprimer, voir son regard s’illuminer quand elle a le sentiment de m’apprendre quelques chose. Je sens qu’elle se sent fière d’être dans ce rôle, que cela lui fait du bien. Et comme je lui répète souvent, et elle aussi du coup 🙂 Personne ne sait tout. Nous apprenons tous les jours. Et j’adore quand elle m’apprend quelque chose !

Le message clair

J’ai donc fait quelques recherches pour savoir d’où venait ce concept et je me suis rendue compte que c’était une pratique notamment utilisée dans les établissements scolaires et issue de la mouvance de la pédagogie Freinet.

Le message clair c’est :

• Un échange verbal entre deux enfants, deux élèves, un frère et une soeur
• Visant à désamorcer des micro-conflits
• En orientant la discussion vers la résolution non violente
• Dans un esprit de respect, d’empathie et de responsabilité mutuelle

Entendons par micro-conflits, tout ce qui ne porte pas sur une violence physique ou morale. Nous parlons de chamailleries, de petites tensions qu’il est préférable de désamorcer sur le moment avant que la situation n’empire.

Les 6 étapes du message clair

Voici en résumé, les 6 courtes étapes du message clair pour les mettre en pratique à la maison ou à l’école :

1. Je préviens l’autre. J’attire l’attention de la personne à qui je souhaite parler. « J’ai un message clair à te dire », ou « J’aimerais te parler stp ». « Ce que tu m’as dit tout à l’heure m’a fait du mal, es-tu prêt(e) à m’écouter ? »
2. J’explique pourquoi. Je décris la situation. « Quand tu te moques de moi … », « Quand tu me parles quand je travaille … », « Quand tu me bouscules dans la cour… »
3. Je dis ce que je ressens. J’exprime mes émotions. « J’ai de la peine / mal / peur… « , « Je suis en colère / énervé… »
4. J’exprime mon besoin. « … car j’ai besoin de (calme pour travailler / d’être en sécurité / de progresser en…)
5. Je vérifie que l’autre a bien compris. Je peux répéter ou lui demander de répéter. « As-tu bien compris ? »
6. Je propose une solution. « J’aimerais que tu ne te moques plus de moi », « J’aimerais que tu fasses moins de bruit », « J’aimerais que tu arrêtes… »

Les objectifs du message clair

Les messages clairs pourraient tout à fait s’inscrire dans les outils de communication non violente. Au lieu de risquer que la situation dégénère, les enfants apprennent à s’exprimer simplement et normalement (sans stress) entre eux pour apaiser de petites tensions ou des chamailleries.

L’idée est de retarder voire d’éviter l’intervention d’un adulte, parent ou enseignant. Il est donc important que l’adulte répète aussi souvent que nécessaire le processus et le cadre du message clair.

Les objectifs du message clair :

• Être entendus et compris
• Exprimer (sans crier) nos besoins et nos attentes
• Apprendre à écouter les autres
• Développer l’empathie et la compréhension des autres

Et s’il dit non ?

Si un enfant répond positivement au message clair, le conflit s’arrête là. S’il dit non ou dit qu’il n’a pas compris, il faut exprimer de nouveau son message clair.

Si le micro-conflit n’est pas résolu, il peut être nécessaire de demander l’intervention d’un adulte ou autre enfant – médiateur.

Par exemple, Gabin chahute et n’arrête pas de faire tomber son stylo ce qui embête Paul. Paul attire l’attention de Gabin et lui dit « Gabin, je peux te dire un message clair ? ». Paul « Oui ». Gabin : « Quand tu gigotes et fait tomber ton stylo plusieurs fois, cela me déconcentre. Est-ce que tu peux arrêter stp ? » Soit Gabin dit « oui » et le message clair est passé, soit Gabin continue et Paul peut demander de l’aide à son encadrant.

Dans les écoles où le message clair est enseigné, il ne sera pas rare d’entendre :

Enfant: “Madame, Lucie m’a tiré les cheveux.“
Encadrant : “ Est-ce que tu lui as fait un message clair ?
Pause. Respiration.
Enfant : “Ah, non.”
Et l’enfant part faire le message clair, l’intervention de l’adulte s’arrête là.

Est-ce efficace ?

Il ne s’agit pas là d’un outil miracle, il n’en existe d’ailleurs aucun. Cependant, cet apprentissage peut diminuer largement le nombre de conflits qui dégénèrent. Les enfants apprennent à s’exprimer sans violence. Ils apprennent à prendre en compte les autres. Ils analysent leur besoin et développent leur intelligence émotionnelle.

Souvent, un enfant agacé va simplement s’énerver et dire « Arrête ! » L’adulte peut l’accompagner et l’aider à formuler une phrase complète avec son ressenti. « Que ressens-tu, qu’est ce qui t’embête, que voudrais-tu … ? »

Parfois les enfants ne sont pas attentifs ou réceptifs à un message clair. Tandis que d’autres vont en abuser. Il est important pour l’adulte de rappeler le cadre du message clair, quand il peut être utilisé ou non. L’idéal est de mettre en place des petits jeux de rôle ou d’accompagner un enfant dans l’expression de son ressenti.

Est-ce que les messages clairs sont appris et pratiqués à l’école de vos enfants ? Chez vous, en famille ?