Comment garder confiance lorsque nous sommes en plein divorce ? Comment surmonter et transformer l’épreuve de l’éclatement familial ? Puis-je éviter à mes enfants de trop souffrir de ces changements ? Comment préserver ses enfants quand nous-même sommes en pleine mutation émotionnelle ? Comment les aider à accepter de ne pas grandir avec leurs deux parents sous le même toit ? Autant de questions, de doutes, d’inquiétudes qui se posent lorsque la décision de continuer son chemin séparément est prise… Puis j’ai décidé d’être heureuse !
Aurore nous livre son parcours et quelques-unes des clefs qui l’ont aidée à faire face à cette période douloureuse et chaotique. A travers son témoignage de maman divorcée, elle prend du recul et dévoile ce qu’elle a mis en place pour arrêter de vivre cette situation comme un échec et comment le développement personnel s’est invité dans sa vie.
Un grand merci à elle pour ce partage d’expérience ! Et un grand merci à Bénédicte, auteure de cet interview et article invité du blog L’éveil des émotions.
Mon histoire
Je m’appelle Aurore, j’ai 41 ans et 2 enfants. Je suis maman solo depuis 5 ans maintenant. Lors de notre rupture, les enfants avaient 3 ans et 1 an, donc tout petits.
C’est moi qui ai pris la décision de quitter mon partenaire. Cela n’a pas été facile pour autant. Difficile à décider, difficile à exécuter aussi.
Mais pour moi il valait mieux être heureux séparés, qu’en conflit permanent.
Nous étouffions tous les deux dans cette relation à ce moment-là. C’était si tendu que notre aîné ne dormait pas. Il se réveillait toutes les 2h. Je m’en suis aperçue lorsque la première nuit dans notre nouvel appartement, il a fait une nuit complète. La première, il avait 3 ans.
témoignage
Échec ou réalisation ?
Ma vie professionnelle était aussi très compliquée à cette période. J’ai vécu un véritable tsunami et fait un burn out quelques mois après notre rupture. Pendant cette période, je tenais le rôle de la mère nourricière, responsable de la logistique, des besoins physiologiques de base. Je n’arrivais pas à faire plus, incapable de relever la tête.
A l’époque, j’avais aussi honte. Honte d’être séparée, honte d’être en arrêt. Je culpabilisais vis-à-vis de mes collègues de travail. Je pensais reprendre le travail très vite mais ça ne s’est pas passé comme prévu !
J’ai perdu toute confiance et estime de moi. Par je ne sais quel moment de lucidité, j’ai décidé de me pencher sur les différentes émotions que l’on peut vivre. J’ai alors fais des recherches et j’ai trouvé des listes d’émotions. Des listes entières d’émotions qui m’ont montré qu’il en existait bien plus que je ne pensais.
En étant confrontée aux émotions des enfants, j’ai appris à mieux déceler les miennes.
En essayant de mettre des mots sur leurs émotions, en leur demandant comment ils se sentaient et en leur proposant plusieurs réponses pour qu’ils apprennent à nommer, j’ai appris à faire avec eux. Cela m’a permis d’exprimer de mon côté ce qui n’allait pas et de faire des demandes claires et précises.
Je ne voulais pas rester dans cet état, dans cette situation. J’ai décidé d’être heureuse et j’ai tout fait pour retrouver apaisement et sérénité avec mes enfants. J’ai été accompagnée par plusieurs personnes, des thérapeutes et une association. J’y ai appris beaucoup au sujet des émotions et le partage avec ce groupe m’a vraiment fait grandir.
Les personnes qui aiment cet article seront peut être aussi intéressées de lire comment le développement personnel a changé ma vie de maman.
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J’ai décidé d’être heureuse
Sortir du cercle vicieux
J’ai travaillé sur moi, et j’ai fais des efforts surtout au début. Le chemin vers un bonheur retrouvé est long et semé d’embuches.
Mon grand est très sensible et montre peu ses émotions, ce n’est donc pas simple à identifier. Par contre, il dit les choses, mais sans montrer d’émotion particulière.
La petite, elle, s’est manifestée plus tard. Elle exprime beaucoup plus que son frère : elle a souvent demandé à voir ses parents ensemble. Elle n’a pas beaucoup connu cette période. Je lui ai expliqué que ce n’était pas possible, même si aujourd’hui, une fois par an nous organisons quelque chose tous les quatre. Elle a été une enfant très en demande, à beaucoup me solliciter. A ce moment-là, je n’étais pas en capacité de répondre à son besoin de présence. Moins j’y répondais et plus elle « demandait », ce qui se manifestait par des comportements que je n’acceptais pas. C’était une sorte de cercle vicieux.
Observer et accueillir les émotions
Elle avait besoin d’être rassurée.
Je dois dire qu’à l’époque, j’étais moins consciente et moins dans l’observation des émotions des enfants. J’ai beaucoup appris depuis et je m’en préoccupe bien plus aujourd’hui. Je connais davantage les mécanismes des émotions pour se sentir heureux et apaisé après une tempête émotionnelle.
Et quand j’ai commencé à me sentir mieux, notre relation s’est nettement améliorée. Ma fille a aussi mûri d’un coup lorsque cela s’est débloqué pour moi, aussi bien au niveau personnel que professionnel. J’ai décidé d’être heureuse et le bonheur est contagieux ! Nous étions aux prémices de la quête vers le bonheur et c’était excitant de voir des résultats positifs.
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Pratiquer la gratitude
J’ai aussi mis en place une routine qui nous a tous été bénéfique. La gratitude : nous prenions un temps tous les soirs pour poser ce qui avait été agréable dans notre journée. C’était facile pour le grand, cela a mis plus de temps pour ma fille. Mais c’est une bonne habitude avec laquelle nous devrions renouer d’ailleurs ! Et les repas étaient et sont toujours un temps d’échange privilégié, de parole libre.
Que ce soit pour moi ou pour mes enfants, pratiquer la gratitude a été un levier formidable vers le bonheur.
Par ici, Bénédicte nous livre quelques astuces pour pratiquer la gratitude .
Anticiper et expliquer le programme
J’ai décidé d’être heureuse et j’ai appris à anticiper et à leur donner le programme, leur expliquer le déroulé de la journée.
Ils ont eu des angoisses à un moment, de savoir qui venait les chercher le soir. Depuis le début nous avons été d’accord concernant les enfants. C’était important pour nous qu’ils continuent à voir leurs deux parents. Nous étions organisés de manière à ne jamais nous croiser. Nous ne nous sommes pas vus pendant plus d’un an !
Je n’avais pas conscience avant la séparation, qu’ils suivaient sans savoir, et leur partager ce qui allait se passer a énormément aidé à les rassurer.
Il y aussi eu un épisode particulier. 4 mois après notre séparation, leur papa a fait un infarctus. Les enfants ont eu très peur. Ils n’ont pas pu voir leur papa pendant un mois. J’ai fais attention à conserver le lien, à appeler régulièrement et à accompagner les enfants pour qu’ils voient leur père dès que cela a été possible pendant sa convalescence.
Rencontrer mes besoins et mon bonheur
Au niveau émotionnel, j’ai appris en même temps que les enfants. En les observant, j’ai pu aller à la rencontre de mes propres besoins. J’ai appris à mieux réagir à leurs émotions. Je me suis imposée au début d’être totalement disponible pour eux sur des moments spécifiques, notamment lors de leurs crises émotionnelles afin de remplir leur réservoir d’amour.
Cet épisode m’a aidé à casser toutes les croyances que j’avais : il ne faut pas s’écouter, il faut continuer, il faut être fort, travailler dur pour réussir. Toutes ces choses inculquées depuis le plus jeune âge. Cela a été vraiment difficile. Heureusement, observer les autres permet d’identifier ses propres croyances. Entendre quelqu’un énoncer comme vrai des pensées qui semblent différentes ou éloignées des miennes m’a permis de mettre au jour mes constructions de pensée et de réaliser qu’il ne s’agissait pas d’une vérité.
J’ai décidé d’être heureuse et je m’écoute beaucoup plus. Si je suis fatiguée, je m’arrête et je dors par exemple. Écouter mon corps, ce dont j’ai envie. Avant, je ne savais pas identifier ses besoins.
Accepter la colère
L’émotion qui m’a le plus aidée lorsque j’ai décidé d’être heureuse, c’est bizarrement la colère !
J’ai été cherché ce que cela voulait dire. J’ai mis du temps à mettre des mots. Dès que j’ai réussi à m’exprimer, j’ai également réussi à stopper mes montées de colère plus vite, notamment auprès des enfants.
La colère, c’est l’expression d’une limite dépassée.
C’est dur quand tu n’es pas capable de dire ta limite car elle n’est pas identifiée. J’avais tellement besoin d’être aimée, de reconnaissance, que mes besoins et mes limites étaient bafouées.
Après coup, quand j’étais redescendue après m’être emportée sur eux, je m’excusais et je leur expliquais pourquoi. Mettre des mots leur permet aussi d’apprendre que l’on peut réparer. Mes limites étaient tellement tendues à l’époque, que le moindre petit bruit pouvait déclencher une tempête en moi. J’ai ressenti beaucoup de culpabilité de m’emporter contre eux qui n’étaient pour rien dans cette situation.
Pareil pour les enfants. Leur colère m’a aidé à mieux comprendre leurs besoins. C’est plus ponctuel chez mon grand, mais très intense et il m’arrive encore de ne pas savoir quoi faire à ces moments là.
J’ai décidé d’être heureuse et j’accepte de ressentir la colère.
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Anecdote
Je pense que de nombreux enfants ont fait la même chose. Mon grand a essayé d’obtenir ce qu’il voulait, en disant que son papa lui avait accordé. J’étais surprise mais il a insisté. J’ai donc appelé son papa, devant lui. Pour lui montrer que quoi qu’il arrive, nous communiquions et qu’il ne pouvait pas nous entourlouper. Il n’a plus jamais essayé !
Nous n’avons et ne serons pas toujours d’accord. Pour la télé, les quantités de sucres etc ! Mais ce n’est pas le plus important au fond.
J’ai gardé en tête que même ensemble, il n’aurait pas forcément fait comme j’aurais voulu.
Et oui, accepter que cela soit différent chez chacun est important et les enfants l’ont très bien compris: chacun ses règles. En ne communiquant pas entre nous, nous aurions cautionné ce comportement de l’enfant qui joue sur tous les tableaux et manipule pour arriver à ses fins.
Dès le début, j’ai été très vigilante à garder la politesse de base envers leur papa. Dire bonjour, s’informer lorsque les enfants sont malades par exemple. Quoi qu’il arrive, leur papa est mon ancien partenaire, nous avons eu les enfants ensemble. Et ils ont besoin de grandir avec leurs deux parents, d’apprendre de nous deux, des choses différentes. Cela peut être difficile à accepter parfois mais tellement indispensable pour moi.
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Conseils d’une maman divorcée
Les émotions des parents ne sont pas les émotions des enfants.
Il peut y avoir de la colère entre les 2 parents, les enfants n’y sont pour rien. Il peut y avoir de la déception de voir s’écrouler ce que l’on avait construit, un sentiment d’échec. Les enfants ne devraient pas être les objets de manipulation.
Pour préserver les enfants, il est important de réussir à communiquer (même par e-mail) sur tout ce qui concerne les enfants et être ouvert. L’anniversaire d’un copain, un oubli de doudous etc, et mettre à part nos émotions de parent.
Dès le début, nous étions d’accord pour organiser au mieux la garde, nous étions très volontaires pour que cela se passe le mieux possible pour eux. Cela peut sembler une chance aux yeux de celles et ceux qui connaissent des histoires de séparations difficiles. Il s’agit du résultat d’une volonté, d’efforts et de patience des deux parents pour préserver la qualité de la relation et le bien-être de leurs enfants.
J’ai toujours gardé ce mantra en tête pour me guider “ j’ai décidé d’être heureuse!”
Je souhaitais terminer ce partage avec une astuce bonus de cette maman solo qui apprend à s’organiser différemment et seule, le matin avant le départ pour l’école. Mettre le réveil toutes les 15′. Ainsi, chaque sonnerie indique qu’il faut passer à l’étape suivante de la préparation. En plus, les enfants se responsabilisent et avec quelques entraînements, toute la famille est rodée et les matins sont plus sereins !
Merci pour cet article 😉 J’ai beaucoup aimé ce témoignage. Les hommes et les femmes vivent les séparations de manière certainement très différentes, mais tout aussi difficiles. Je suis heureux d’avoir pris le temps de lire ce témoignage…
Tres bel article 👍 on a ete nombreuses a vivre ces différentes émotions et phases. Et finalement s entrouvees grandies
J’ai vécu la même chose il y a maintenant 22 ans, mais c’est une période qui reste gravée dans ma mémoire tellement c’était difficile. Je partage cet article sur mon profil FB 😉💁🏽♀️