Mieux comprendre les principes de la discipline positive
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vos enfants font ces choses folles, frustrantes et exaspérantes qui peuvent vous faire perdre la tête ? Comment obtenir moins de comportements agaçants et davantage de coopération ? Avant d’aborder la « correction » des mauvais comportements, nous devons comprendre pourquoi ils se produisent en premier lieu. C’est là que la science et la psychologie entrent en jeu, et notamment les principes de la discipline positive.
Une fois que nous comprenons le POURQUOI, nous pouvons être plus ciblés et plus efficaces pour réajuster les comportements négatifs. Les principes présentés ici sont tirés de la psychologie adlérienne, qui ont été ensuite approfondis notamment par Jane Nelsen dans son livre « La discipline positive ».
Introduction À la psychologie adlérienne
Le Dr. Alfred Adler a d’abord collaboré avec Sigmund Freud, mais ils se sont ensuite séparés en raison de désaccords sur ce qui motivait le comportement humain. Vous vous souvenez peut-être que Freud pensait que le comportement était principalement motivé par des raisons psycho-sexuelles. Adler, quant à lui, pensait que le comportement était orienté vers un but. Il pensait que que les humains se comportent d’une certaine manière pour atteindre un certain objectif et obtenir le gain associé.
Alfred Adler était un pionnier dans son domaine en raison de la façon dont il considérait le rôle des enfants dans la société. À son époque, les enfants les plus chanceux devaient être « vus et non entendus ». D’innombrables enfants (dont certains n’avaient que trois ans) étaient contraints de travailler dans des usines et des ateliers clandestins. Malgré la société dans laquelle il vivait, Adler insistait sur le fait que tous les gens, y compris les enfants, méritaient d’être traités avec dignité et respect.
Introduction à la discipline positive par Jane Nelsen
La discipline positive est donc une approche éducative développée par Jane Nelsen qui vise à aider les parents, les enseignants et les éducateurs à enseigner aux enfants des compétences sociales et émotionnelles tout en renforçant leur estime de soi et leur autonomie.
Selon Jane Nelsen, la discipline positive se base sur l’idée que les enfants ont besoin d’un environnement respectueux, encourageant et positif pour développer leur potentiel et devenir des adultes responsables et épanouis. Elle englobe ainsi la compréhension des besoins et des sentiments de l’enfant, l’encouragement à l’autonomie et la coopération, la recherche de solutions plutôt que de punitions, l’importance de la communication non violente et de l’écoute active.
Principe 1 : le sentiment d’appartenance et d’importance
Une fois que les besoins physiques fondamentaux de l’enfant en matière de nourriture, de sommeil, de sécurité sont satisfaits, ses deux besoins émotionnels fondamentaux sont de ressentir un sentiment d’appartenance et de valorisation (se sentir utile).
Nous voulons tous faire partie de quelque chose de plus grand que nous, qu’il s’agisse d’un club, d’une famille ou d’ un groupe d’amis. Lorsque nous avons l’impression d’avoir une place dans le monde, nous nous sentons valorisés, importants et utiles.
Ainsi, une grande partie du lien émotionnel dont notre enfant a besoin provient de l’attention positive que nous lui portons. Lorsque nous remplissons de manière proactive le réservoir d’attention de notre enfant, nous répondons à ses besoins émotionnels.
D’autre part, pour satisfaire son besoin d’importance et d’utilité, l’enfant doit se percevoir comme étant capable. Il a besoin d’apporter une contribution significative à la famille. Il doit être capable d’exercer son besoin d’autonomie (adapté à son âge) et de responsabilité.
Après tout, les êtres humains sont nés avec le libre arbitre. Ils sont « câblés » pour être des êtres indépendants et avoir un certain sens du contrôle sur leur propre monde. Un enfant se défendra instinctivement si un adulte tente de le retenir. Un tout-petit tapera du pied et dira : « C’est moi qui le fais » si un parent intervient et prend la relève. Une adolescente agacée roulera les yeux ou soupirera bruyamment lorsque le « parent hélicoptère » essaiera de faire de la micro-gestion.
Principe 2 : tout comportement est orienté vers un but
En matière de discipline positive, ce principe est au cœur de la compréhension des comportements de l’enfant . En effet, les enfants n’agissent pas parce qu’ils sont mauvais ou méchants, mais parce que leurs besoins ne sont pas satisfaits.
Tout comportement est orienté vers un but : un gémissement, une interruption, un haussement d’épaule, un soupir, les pleurs… Tous ces comportements ne sont pas aléatoires. Ils font partie de la mission de notre enfant qui consiste à se sentir aimé, important et utile. C’est la nature humaine.
Si nous ne remplissons pas le réservoir d’attention et de pouvoir avec les bonnes choses, alors les enfants utiliseront tous les moyens pour obtenir de l’attention et du pouvoir. Tandis que quand nous comprenons ce que notre enfant veut ou ce dont il a besoin et que nous nous efforçons de répondre à ses besoins d’une manière positive, nous évitons que le mauvais comportement ne se produise en premier lieu.
Principe 3 : un enfant qui se comporte « mal » est un enfant découragé
Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé. Considérez un comportement inapproprié comme votre « alerte » : votre enfant vous demande de l’aide. Un de ses besoins n’est pas satisfait mais il n’en a pas conscience et surtout il ne sait pas le verbaliser.
Si votre enfant pouvait le verbaliser, cela pourrait ressembler à ceci :
« Maman, je ne me sens pas important en ce moment et j’aimerais avoir un peu de ton attention. J’ai l’impression que tu t’intéresses à tout le monde sauf à moi. »
Ce serait génial non ? Mais votre enfant n’arrive pas à mettre des mots sur ce qu’il ressent alors il se plaint, pleure, s’accroche à vous… Que la réponse de l’adulte soit positive ou négative, il a répondu au besoin d’attention de l’enfant, et le comportement a donc été payant. L’enfant voulait vraiment une attention positive, mais une attention négative vaut mieux que rien du tout.
« Papa, je ne me me sens pas très important. Tu es toujours en train de me dire ce que je dois faire ou ne pas faire. J’ai l’impression que tu me donnes des ordres toute la journée. Tu prends toutes les décisions et tu ne me laisses même pas la chance d’essayer et d’être autonome. »
Encore une fois, l’enfant n’est pas conscient de ses besoins d’importance et d’utilité. Alors, il argumente chaque demande, répond, vous ignore, ou fait intentionnellement le contraire de ce que vous voulez, juste pour prouver que « vous n’êtes pas le patron de moi !
Principe 4 : une relation parent – enfant basée sur le respect de chacun
Les besoins de chacun sont sur un même pied d’égalité. Parents et enfants sont égaux en droits et en respect. Les besoins des uns ne sont pas plus importants que les besoins des autres. Une éducation autoritaire niera les besoins des enfants et une éducation laxiste poussera le parent à se plier aux exigences de l’enfant.
À mi-parcours, la discipline positive encourage la mise en place d’un cadre ferme et bienveillant, respectant les besoins de chacun. Les outils proposés reposent notamment sur la communication non violente et l’écoute active.
En créant une relation harmonieuse et respectueuse, Jane Nelsen explique que les enfants seront davantage en mesure de coopérer. Ils se sentiront écoutés, compris et seront encouragés à trouver des solutions.
Principe 5 : l’erreur comme source d’apprentissage
Changer de regard sur l’erreur. Voir l’erreur comme une opportunité d’apprendre pour favoriser confiance en soi et estime de soi !
« Tu t’es trompé ? C’est merveilleux ! » disait Jane Nelsen.
Tout le monde fait des erreurs ! Alors réfléchissons au pourquoi du comment cela est arrivé. Jane Nelsen nous parle alors de l’importance des 3 R de la Réparation :
1- Reconnaître sa part de responsabilité.
2- Se Réconcilier (s’excuser, se reconnecter)
3- Résoudre : trouver une solution, seul ou ensemble.
Principe 6 : l’amour et le lien avant tout !
Vous l’aurez compris le sentiment de connexion et d’appartenance sont les piliers d’une relation saine et harmonieuse. Nous aimons nos enfants mais le savent-ils ? Les messages d’amour peuvent être offerts de diverses façons. Du temps en tête à tête, des gestes d’affection, des petits mots glissés … À vous d’observer et de choisir ce qui touchera réellement votre enfant.
Lors d’une situation difficile, prenez le temps de vous reconnecter émotionnellement avec votre enfant. Le temps des explications, de la correction du comportement inapproprié, de la communication constructive ne doit venir qu’ensuite, quand les choses se sont apaisées et que chacun est en mesure d’écouter attentivement.
À retenir : Posez vous la question du pourquoi
Dans les semaines à venir, face aux comportements « moins que souhaitables », posez-vous la question du POURQUOI.
Pourquoi ce comportement se produit-il ?
Les enfants ne VEULENT pas se comporter mal. Ils attendent de nous que nous les aidions à trouver un meilleur moyen de répondre à leurs besoins.
Ce que nous FAISONS de ces précieuses informations fait toute la différence dans notre manière d’être parent et dans la manière dont nos enfants se développent tout au long de leur enfance et jusqu’à l’âge adulte.
Oui la discipline positive, qui commence à être décriée parce qu’elle en fait des parents dépassés, repose bien sur ce cadre Bienveillance et fermeté et l’un ne va pas sans l’autre. La bienveillance seule ne peut pas marcher…
Quand on essaie de comprendre un peu mieux l’enfant, quand on l’observe, on arrive à mieux déceler ses besoins et les raisons de son comportement. Merci beaucoup pour votre article très utile pour tous les parents.
Merci pour ce rappel et ces explications très claires. La discipline positive est souvent mal interprétée … mais là je vous suis totalement !